France IX fait réseau neuf

01/06/2014

 

Le spécialiste français du peering France IX, qui gère les échanges de trafic Internet entre les différents acteurs de la toile, refait complètement son réseau. Une opération lourde qui lui permet d'augmenter sensiblement ses capacités et de diversifier ses services pour toucher une nouvelle clientèle, celle des grandes entreprises.

 

Franck Simon, directeur général de France-IX

 

« Nous sommes victimes de notre succès». Quand on demande à Franck Simon, directeur général de France-IX, la principale raison d'entreprendre un chantier aussi lourd que celui d'une rénovation totale de son réseau, c'est la première explication qui vient. «Notre trafic doublait tous les ans, explique-t-il, maintenant, c'est tous les six mois. Nous devons mettre en place l'infrastructure qui nous permet d'y répondre». En cause dans cette accélération la montée en puissance globale de l'économie numérique, qui voit non seulement les trafics vidéo augmente, mais aussi ceux liés au commerce électronique, aux réseaux sociaux, a la mobilité 4G «Les usages évoluent, et les acteurs aussi, poursuit Franck Simon. Avant, nos clients étaient essentiellement des grands des télécoms, de l'Internet et  les acteurs du CDN (Content Delivery Network).

 

Maintenant, nous avons par exemple, parmi nos nouveaux clients de sociétés comme Twitch Justin TV. Il s'agit d'une plate-forme vidéo qui héberge des vidéos en streaming de jeux en ligne. Les gamers postent des séquences pour montrer, par exemple, comment passer d'un niveau du jeu à un autre. Le tout, en HD.

 

Cela génère des volumétries inimaginables. Ils ont commencé avec 20 Gbit de trafic, qu'ils ont saturé au bout d'une semaine, avant de passer à 40 Gbit». Mais de telles niches d'usage, bien que fortement consommatrices de bande passante, n'expliquent pas tout. Un mouvement plus vaste se dessine du côté des grandes entreprises « Des banques, des assureurs ou des grandes sociétés industrielles se connectent également sur le réseau France-IX», commente le dirigeant. Et ce, pour fluidifier globalement leurs échanges intersites, ainsi qu'avec leurs partenaires et fournisseurs.

 

Les grandes entreprises aussi

 

Schneider Electric fait partie de ces nouveaux venus. Ce géant de l'électronique, qui compte des dizaines de milliers d'employés dispersés un peu partout dans le monde fait partie de ces sociétés qui ont levé tous les freins à l'utilisation des réseaux sociaux dans l'entreprise. Ses collaborateurs utilisent aussi de nombreux logiciels en mode cloud et sont des utilisateurs intensifs de la solution de vidéo collaboration Webex «Au départ, ils avaient un VPN, puis ils se sont mis à faire du peering puisque leurs partenaires (Microsoft, Amazon, etc.) sont également connectés à France-IX, poursuit Franck Simon. Maintenant, sur le point d'échange, ils vont prendre du peering, du trafic, du circuit privé. Du coup, ce qui n'était au départ qu'un point d'échange devient une place de marché».

 

Ces nouveaux clients et ces nouveaux services ne vont pas sans de nouvelles exigences. Les engagements de qualité de service (SLA) en font partie. Pour pouvoir mesurer la performance dans ce cadre de ces SLA, France-IX va déployer des sondes dont les mesures seront accessibles via le portail de l'opérateur. « Cela devient un écosystème nouveau, qui nous oblige à être Imaginatifs au niveau des services, détaille Franck Simon. Nous ne savions pas proposer un port à un opérateur pour qu'il puisse le découper et le revendre à ses clients. Maintenant, nous pouvons le faire ».

 

 

«Nous sortons aussi une offre 100Gbit/s, parce que de gros acteurs concurrents le proposent. Si un client me le demande, je dois être capable de livrer en une semaine». Ce type de prestation n'étant pas «mature» en 100Gbit/s longue distance, France-IX continuera à faire «du Nx10Gbit/s dans le backbone».

 

Tout changer pour augmenter les capacités

 

 « Nous avons lancé une consultation fin 2013 pour refaire tout le backbone et les équipements terminaux de notre réseau, explique Franck Simon. Il s'agit d'une nouvelle infrastructure que nous déployons en parallèle de l'actuelle, pour ne pas avoir d'interruption du service, avec de nouvelles fibres vers tous les sites».

 

France-IX profite également de l'occasion pour renforcer son réseau, puisque l'infrastructure à double cœur hérite d'une double adduction fibre sur chacun des deux coeurs. Pour éviter les recouvrements dans le transport et  sécuriser le service, France-IX a attribué la moitié des lots de transport à Interoute, et l'autre moitié à Neo Télécoms, devenu Zayo Télécoms France suite à son rachat par le groupe américain éponyrne.

 

Outre le remplacement des fibres, France-IX en a profité pour lancer une consultation sur les équipements, en remettant sur la table la question du choix entre équipements actifs ou passifs. «Nous nous sommes posé la question, mais les équipements actifs sont encore 30 à 40% plus chers que les passifs» C'est donc des équipements passifs qui sont déployés. C'est l'allemand Cube Optics qui a été retenu pour une partie des lots, et l'américain Juniper Networks pour l'autre.

 

Financé en leasing sur 36 mois, cet investissement, qui dépasse largement le chiffre d'affaires annuel de France-IX, permet à l'opérateur de conserver urne marge de manœuvre financière.

Dans l'immédiat, elle sera mise à profit pour embaucher deux nouveaux ingénieurs qui vont plancher sur les nouveaux services.

 

Auteur : Ariel GOMEZ
Source : Le Journal des Télécoms

Télécharger le PDF