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  • Only in French (La Seine-Saint-Denis, Data Valley du Cloud Français)
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    27/05/2013

     

    Le Monde - Aubervilliers, Saint-Denis, La Courneuve, Pantin. La couronne rouge du nord-est de Paris est le triangle d'or du cloud en France. Pour repérer les data centers au milieu des entrepôts modernes, des usines en friche et des sièges sociaux flambant neuf, il faut être attentif.



    De loin, cela ressemble à un cube sans couleur, un bâtiment lambda de zone industrielle. Mais, en cherchant bien, on en déniche une bonne quinzaine. La zone regroupe entre un quart et un tiers des centres de données de l'Hexagone. Une véritable "Data Valley", cachée à l'ombre du Stade de France.

     

    A Pantin, la ferme de données d'Equinix est posée tout au bout d'une zone logistique, à côté des voies ferrées. "Ici, vous avez 150 000 serveurs dans 13 000 m2", explique Michel Brignano, le directeur général d'Equinix France, avant de faire visiter les salles ventilées qui abritent les serveurs. Le tout a coûté plus de 200 millions d'euros. A quelques kilomètres de là, vers Saint-Denis, Equinix possède un autre grand data center. Entre les deux sites, une liaison très haut débit permet aux clients d'héberger leurs données à des endroits différents.

     

     

    UN FONCIER ABORDABLE

     

    Si tant de centres de données se sont installés dans le secteur depuis une dizaine d'années, ce n'est pas pour rien. D'abord, c'est le seul endroit de la petite couronne parisienne où le foncier reste abordable. Il y a encore quelques années, c'était l'une des plus grosses friches industrielles d'Europe.

     

    Surtout, la Seine-Saint-Denis possède quelques particularités géographiques et historiques dont raffolent les hébergeurs. "Nous sommes un métier très ceinture et bretelles... Nous voulons sans cesse plus de garantie, de sécurité", explique Stéphane Duproz, directeur général de Telecity, qui possède deux data centers à Aubervilliers.

     

    L'endroit est proche de Paris, des transports en commun. Pas de zones Seveso dans le périmètre ni de gare de triage. Et même si l'aéroport Roissy - Charles-de-Gaulle est proche, on n'est pas dans un couloir aérien. "L'autre élément fondamental, c'est le niveau de la Seine. Paris est un évier, et le quart nord-est est le seul qui soit bien au-dessus du niveau du fleuve", affirme Fabrice Coquio, président d'Interxion France, qui a lui la main sur sept data centers autour de Paris, dont cinq en Seine-Saint-Denis.

     

     

    CONSOMMATION ÉQUIVALENTE À UNE VILLE DE 20 000 HABITANTS

     

    Le maillage électrique de la zone est un autre atout. En moyenne, un centre de données réclame 20 mégawatts, soit l'équivalent d'une ville de 20 000 habitants, selon ERDF. Dans une présentation sur le Grand Paris, le réseau de distribution explique que le département de Seine-Saint-Denis a besoin de 270 mégawatts pour ses data centers, alors que dans les Hauts-de-Seine, berceau historique, 180 MW suffisent.

     

    La chance du 93, c'est que ces communes sont très bien desservies en électricité, un héritage du passé industriel qui permet aux concepteurs de disposer de deux arrivées d'énergie. Autre avantage de la ceinture rouge, sa position par rapport à Paris, qui la place depuis des siècles sur la route de l'Europe du Nord. La voie romaine pour la Belgique passait par là. Au Moyen Age, c'est là que se trouvaient les grandes foires. Aujourd'hui, place aux autoroutes, aux lignes ferroviaires à grande vitesse, aux canaux... Autant d'endroits privilégiés pour enfouir la fibre optique sans faire de gros travaux de voirie.

    (...)

    La Seine-Saint-Denis, "Data Valley" du Cloud Français

     

    "UN NOEUD D'ÉCHANGE INTERNATIONAL, NATIONAL ET LOCAL"

     

    "C'est l'une des très grandes artères télécoms en Europe", confirme Nicolas Guillaume, de Cedexis, un spécialiste des liaisons Internet. Le chemin vers Londres, Amsterdam et Francfort, points névralgiques du Web européen. C'est pour cette raison qu'Interxion s'est installé là-bas, au tout début, à la fin des années 1990. "C'était l'époque de la dérégulation des télécoms. Les opérateurs étrangers comme Level 3 ou Belgacom s'installaient par là-bas. C'est devenu un vrai noeud d'échange international, national et local ", raconte Fabrice Coquio.

     

    Peu à peu, tout le monde a suivi. Opérateurs, géants de l'Internet, grands groupes ou start-up... "Tous ont intérêt à être proches les uns des autres", constate Stéphane Duproz, de Telecity. La concentration permet d'échanger les données rapidement. "Sur nos huit points d'échange de trafic Internet, nous en avons trois dans le 93", note Franck Simon, directeur général de France IX, une structure qui veut faire de l'Hexagone une place forte du trafic Web mondial.

     

     

    TIRER PARTI DE LA NOUVELLE MANNE

     

    D'un point de vue local, la communauté d'agglomération Plaine Commune, qui englobe Saint-Denis, Aubervilliers et La Courneuve, observe ces nouveaux venus d'un bon oeil. Pierre Quay-Thevenon, vice-président de la collectivité chargé du développement économique, s'est même rendu il y a peu dans un Salon professionnel sur les data centers. "Au début, ce n'était pas toujours bien accepté. Cela consomme beaucoup et crée peu d'emplois en apparence. Mais, en réalité, beaucoup de sociétés d'infogérance se sont développées dans la zone ces cinq dernières années", se félicite l'élu.

     

    Dans un data center, le nombre de salariés est assez réduit. Chez Interxion, on réalise 50 millions d'euros de chiffre d'affaires avec 70 salariés. "Le centre de serveurs, c'est le pied de la chaise. Cela fait travailler dix fois plus de monde en réalité", souligne M. Coquio.

     

    A Plaine Commune, on tente donc de tirer parti de cette nouvelle manne. Une charte est en cours d'élaboration. "On veut évoquer l'insertion professionnelle, l'intégration à l'urbanisme, la récupération de la chaleur issue des serveurs...", explique M. Quay-Thevenon. En attendant, la population peut découvrir les nouvelles usines informatiques qui ont remplacé les anciennes : le comité de tourisme régional de Seine-Saint-Denis propose régulièrement des visites de centres de données.

     

    Julien Dupont-Calbo



    Photo à droite: Une salle d'interconnexion des réseaux de fibre optique, dans le data center de Neo Telecoms, au centre de Paris. | Crédits : Yves Marchand et Romain Meffre pour "Le Monde "